Montréal, le 2 août 2022

RÉZO reçoit le ministre de la Santé du Canada – discussion, revendications et réflexions proposées sur les enjeux de santé des hommes GBTQ+

À l’occasion de la 24e Conférence internationale sur le sida #AIDS2022, qui a lieu du 29 juillet au 2 août 2022, l’équipe du ministre de la Santé du Canada, Jean-Yves Duclos, avait sollicité RÉZO pour venir les rencontrer ce mardi 2 août 2022.

C’était l’occasion pour l’organisme de recevoir également le Dr Harpreet S. Kochhar, président de l’Agence de la santé publique du Canada, Dr Howard Njoo, sous-administrateur en chef de la santé publique du Canada, Stephen Lucas, sous-ministre de Santé Canada, Jill Norman, directrice de la division des programmes et des partenariats de l’Agence de la santé publique du Canada.

À l’occasion de la rencontre d’aujourd’hui dans nos bureaux, RÉZO avait préparé plusieurs points à aborder sur les enjeux de santé des hommes GBTQ+ ou des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, et ce, en plus de souligner les 30 ans de l’organisme et des luttes communautaires. De plus, la rencontre a été riche en échange, transparente sur les impacts de certaines politiques actuelles et sur l’intensité des enjeux que vivent nos communautés. RÉZO a aussi rappelé l’importance d’intégrer et de consulter le milieu communautaire dans le développement des programmes et politiques affectant nos communautés GBTQ+.

Concrètement, RÉZO a échangé sur ces points et demandé des suivis concrets par le gouvernement canadien :

  • Décriminalisation du travail du sexe
    • Ayant un programme Travail du sexe (TDS) pour hommes et personnes trans, nous avons rappelé que la loi actuelle pousse nos TDS à vivre davantage d’insécurité, de violences, et réduit l’accès à des soins de santé adéquats et non discriminatoires. Nous demandons la décriminalisation du travail du sexe ainsi que la reconnaissance du droit d’exercer cette pratique.
  • Décriminalisation du VIH
    • La criminalisation de la non-divulgation de son statut VIH, dans un contexte, où la science a démontré qu’une personne avec une charge virale indétectable ne transmet pas le VIH, demeure une préoccupation majeure. Nous demandons que les avancées et études scientifiques soient prises en considération.
  • Décriminalisation des drogues
  • Accès à des stratégies de prévention du VIH qui fonctionnent;
    • Nous avons mentionné l’important d’améliorer l’accès à des stratégies auxquelles toustes n’ont pas accès de façon équitable : PrEP, PPE, autotests du VIH (nous notons l’annonce qu’Ottawa injecte 17,9 millions de dollars pour accroître le dépistage du VIH au Canada), incluant les personnes qui viennent d’arriver au Canada (hors RAMQ). Nous avons également informé de l’importance de développer (comme notre programme Kominote) des programmes adaptés à des communautés GBTQ+ spécifiques, incluant les personnes autochtones, et les femmes marginalisées et/ou racisées.
  • Avec une grande transparence, nous avons communiqué notre regret qu’aucune personne représentante du gouvernement canadien n’était présente à l’ouverture de la Conférence internationale sur le sida; que ceci a envoyé un message contradictoire sur l’importance du VIH/sida chez les communautés vivant actuellement avec le virus et de celles à risque de le contracter.
  • Nous avons proposé une réflexion sur le financement fédéral communautaire : voir comment le financement actuellement offert en matière de VIH/ITSS peut devenir une forme de financement à la mission des organismes communautaires, et faciliter la charge administrative du dépôt des projets, particulièrement pour favoriser les plus petits organismes (en termes de ressources) à bénéficier de ces financements.
  • Au sujet de la variole simienne, nous avons souligné la collaboration directe, soutenue et continue avec la santé publique canadienne, locale et tous nos partenaires, sans oublier le financement additionnel spécifique immédiat, dont le tout nous a outillés considérablement pour notre réponse envers nos communautés GBTQ+ affectées, en informations, en sensibilisation et en outils de promotion créatifs;
  • Nous avons profité de l’occasion pour proposer au gouvernement de revoir son langage : utiliser en anglais Mpox ou simian pox, plutôt que monkey pox, comme c’est le cas en français, nous utilisons variole simienne. Nous avons exprimé que l’utilisation de l’expression avec les mots monkey / singe liée avec des communautés ciblées GBTQ+ n’avait que causé davantage de stigmatisation, et de blagues inutiles;
  • Enfin, nous avons également discuté de l’importance d’avoir un discours basé sur la réduction des méfaits, de l’importance d’avoir des nuances dans les messages utilisés portant sur le comportement des personnes de nos communautés : nous pouvons suggérer de faire de meilleurs choix en fonction des pratiques et des risques, faire confiance et axer sur la responsabilisation des personnes, sans indiquer quoi faire à nos communautés.  

RÉZO