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Gars bisexuel et polysexuel, pair aidant et éducateur en sexualité.

Réalisé avec le soutien du projet Champions communautaires de RÉZO.

Ceci est une version censurée de l’article; elle contient quand même du langage cru par rapport au sexe. La version originale contenant des images sexuellement explicites se trouve ici.

À un moment donné, les gars bisexuels, polysexuels ou pansexuels se retrouvent sur une date avec quelqu’un d’un genre autre que celui auquel ils sont habitués, souvent dans le cas d’un gars qui n’est sorti qu’avec des femmes ou d’un gars qui n’est sorti qu’avec des hommes. Ou t’es peut-être sorti avec peu de gens et tout ça est intimidant. Voici quelques conseils pour aider à ce que ce soit une expérience agréable et à éviter des faux pas.

Note sur les pronoms et les genres que j’emploie : Garder le genre neutre en français est un crisse de chiard. Je vais alterner le genre des pronoms pour équilibrer le texte et mettre en évidence la diversité des genres des personnes avec lesquelles on peut sortir. J’utilise aussi une formulation « un-e chaud-e amant-e » pour les mêmes raisons.

Proposer une sortie à quelqu’un

C’est le bout que beaucoup de gens trouvent le plus difficile. En bref : sois attentif au contexte; prête attention aux signaux que la personne t’envoie; et exprime clairement et directement ce que tu veux. Cependant, sois clair avec l’autre personne qu’elle peut dire non et laisse-lui l’espace pour quitter la situation avec dignité et se sentir en sécurité de le faire.

Être attentif au contexte veut dire avoir conscience de la situation dans laquelle tu côtoies habituellement la personne ainsi que des dynamiques de pouvoir qui peuvent entrer en jeu. Proposer une date à un-e ami-e ou une connaissance est différent de proposer la même chose à un-e collègue de travail ou à quelqu’un dans une relation hiérarchique avec toi (ce qui est souvent une mauvaise idée et qui peut être interdit par les règles de l’organisation ou même illégal dans certains cas).

De même, quand tu proposes une sortie à une femme, à une personne non-binaire ou à une personne trans qui a été perçue comme une femme pendant une partie de sa vie, sois conscient de ceci : les femmes et les personnes perçues en tant que tel subissent souvent des avances sexuelles non-désirées. Reconnais cela et agis en conséquence. Par exemple, tu pourrais entamer ton approche par : « Je sais que tu reçois probablement beaucoup d’attention de gars que tu ne veux pas et sens-toi libre de dire non, mais j’aime beaucoup [ceci] et [cela] de toi et je voulais savoir si t’aimerais qu’on fasse une sortie ensemble à un moment donné. » C’est moins un enjeu avec les gars cisgenres (cisgenre veut dire qu’une personne est d’accord avec le genre avec lequel le docteur lui a assigné à la naissance, par opposition avec transgenre) et jusqu’à un certain point avec les gars transgenres, mais tu devrais quand même être clair que c’est correct s’il te dit non, puis lui donner la chance de le faire subtilement et poliment.

Aussi, prête attention aux signaux que la personne t’envoie avant de décider de proposer un rendez-vous. Est-ce qu’elle sourit beaucoup quand elle interagit avec toi? Est-ce qu’il te regarde souvent dans les yeux? Ou au contraire elle entretient une distance et des limites avec toi? Dans ce dernier cas, cette personne va probablement refuser. Néanmoins, certaines personnes sont tout simplement gênées ou se sentent maladroites dans ces situations; elles seraient peut-être contentes si tu faisais les premiers pas. Quand tu t’attends à ce que la personne soit fermée à ta proposition, donne-lui encore plus une chance de s’esquiver avec élégance et de sentir qu’elle peut le faire sans représailles. Enfin, même si tu remarques des signaux positif de sa part, elle pourrait dire non pour toutes sortes de raisons qui peuvent n’avoir rien à voir avec toi : elle t’aime bien, mais pas comme ça; il n’est pas sur le marché pour ce qui est de sortir avec quelqu’un; elle est trop occupée; il n’est pas près à sortir avec un autre gars; etc.

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Malgré tout, proposer une date à une connaissance ou à un-e ami-e est différent d’en proposer une à quelqu’un que tu viens juste de rencontrer. Quand t’as un attrait amoureux possible envers une connaissance, je te suggère de lui proposer une sortie plus tôt que tard : si c’est pour ne pas marcher, tu préfères le savoir avant d’avoir trop le kick dessus. Si c’est un-e ami-e de longue date, sois conscient que ça peut avoir un impact sur votre amitié. Cependant, une amitié solide peut survivre à la constatation qu’un-e de vous deux a envie de quelque chose de différent que ce que l’autre désire, tant que le refus est respecté. Et c’est correct de prendre le temps et l’espace dont t’as besoin pour passer au travers de ta déception et pour guérir avant de reprendre votre amitié.

Il n’y a pas toute une amitié en jeu quand tu proposes une sortie à quelqu’un que tu viens de rencontrer,  mais reste conscient des dynamiques de pouvoir dont j’ai parlé (attends-toi à une meilleure réaction d’un homme cisgenre dans un milieu LGBTQ à se faire proposer une date de nulle part que pour la plupart des autres personnes, mais rien n’est garanti) et ne sois pas ce gars louche : encore une fois, agis de manière à ce que cette personne se sente en sécurité de dire non et puisse quitter la situation avec grâce. Une proposition décente peut ressembler à ceci : « Je sais que ça sort de nulle part puis que tu reçois peut-être beaucoup d’attention de gars que tu ne veux pas, mais j’aime beaucoup ton style et j’aimerais avoir la chance de mieux te connaître. Tu n’as pas à répondre à ça, mais voilà mon numéro si jamais t’as envie de me texter pour qu’on jase ou qu’on fasse une sortie. »

Quand les choses se passent bien et que la personne dit qu’elle est intéressée par une sortie avec toi, c’est mieux de prévoir dès maintenant ce que sera l’activité, le lieu, la date et l’heure. C’est aussi plus facile de proposer une date à quelqu’un en offrant une activité concrète plutôt que de juste demander si elle a envie de sortir avec toi. Quand tu connais peu la personne, tu devrais lui demander le genre de chose qu’elle aime et trouver une activité que vous aimeriez tous les deux faire.

Tu ne peux pas convaincre quelqu’un de t’aimer

Plusieurs mecs ont en tête que flirter et séduire servent à amener quelqu’un à les aimer. Tu ne peux pas convaincre quelqu’un de t’aimer. Quand la personne te trouve attirant et qu’elle aime ta personnalité, le potentiel pour une connexion est déjà là. Quand ce n’est pas le cas, tu ne peux pas changer ça et tu peux rendre la personne mal à l’aise si t’essaies. C’est décevant de réaliser que quelqu’un que t’aimes bien n’est pas intéressé-e; c’est correct de ressentir ça. Mais tu ne peux rien y changer et c’est mieux de passer à autre chose. Les sentiments que les gens ont l’un-e pour l’autre peuvent changer avec le temps : il existe plusieurs histoires d’ami-es platoniques qui se découvrent éventuellement une connexion amoureuse. Mais ça ne se produit pas en essayant d’amener quelqu’un à t’aimer. C’est de l’intimité qui s’approfondit avec le temps et la plupart du temps, ça ne mène pas à une relation amoureuse. Tu vas te briser le cœur à tripper sur une personne qui n’a pas d’amour réciproque pour toi si t’entretiens l’espoir que ça change un jour (en particulier quand c’est envers un gars hétéro).

Il y a cependant du monde avec des valeurs démodées qui s’attendent à ce qu’un prétendant les courtise et fasse preuve d’insistance. Ça crée un situation dangereuse dans laquelle tu ne peux pas savoir ce qui se passe vraiment. Tu peux facilement tomber dans le harcèlement quand tu lis mal la situation. En général, je te conseillerais de ne pas t’impliquer sexuellement ou amoureusement avec une personne qui n’est pas prête à dire ce qu’elle veut. Jouer à de tels jeux crée du drama et parfois de pires incidents. Enfin, bien que tu ne puisses pas amener quelqu’un à t’aimer, il y a un tas de manières de tout gâcher avec quelqu’un qui en fait t’aimait bien si t’es trop insistant, si tu mets de la pression sur cette personne ou si tu fais des choses vraiment douteuses (en particulier envers les femmes). Donc, fais la paix avec l’idée que la plupart du temps, l’autre personne ne sera pas intéressée; ça fait partie de la game quand tu demandes à quelqu’un de sortir avec toi. À moins qu’il y ait de gros problèmes avec ton apparence ou ton comportement, il y aura des personnes qui te trouveront de leur goût et tu les rencontreras un jour.

Pour ce qui est de la sortie en soi

Mon conseil #1 : ne voit pas ça comme une date. Vous êtes deux personnes qui chillent ensemble ou qui se rencontrent pour un film, un repas ou une bière. Peut-être qu’une soirée plus chaude est dans les cartes, peut-être que non. Mais plus tu verras ça tout simplement comme deux personnes qui passent du temps ensemble pour apprendre à se connaître, moins tu seras stressé et plus tu auras du bon temps. Le genre de la personne avec qui tu sors n’a pas d’importance là-dessus : mes meilleures dates ont un lieu dans cet état d’esprit. Franchement, je crois que c’est le secret de la chose : les gens se cassent la tête beaucoup plus qu’ils n’en ont besoin quand vient le temps de sortir avec quelqu’un.

Le cliché : sois toi-même. La version bonne et présentable de toi-même; pas la version Foul Bachelor Frog. Ne présente pas de fausse façade. Si ta partenaire est pour te trouver de son goût, tu veux que cette personne t’aime pour qui tu es. Alors, sois authentique.

À propos de ton hygiène et de tes vêtements : prête-leur attention, mais n’en fait pas trop. Prends une douche et lave tes parties sexuelles. Vas-y mollo sur les déo parfumés, l’eau de cologne ou l’aftershave. Mets des beaux sous-vêtements, mais pas besoin de caleçons à 40$ à moins que ce soit ton genre. Mets du linge dans lequel tu te sens confortable et dans lequel tu parais bien, mais ne vire pas fou : tu risques d’intimider l’autre personne. Garde ça relax, à moins que vous ayez décidé de faire une sortie fancy ou que bien t’habiller ce soit ton truc.

Sois bien informé sur l’identité de genre : si ta date n’est pas une femme cisgenre, tu commences peut-être à naviguer dans les cercles LGBTQ+, ce qui veut dire que t’as beaucoup plus de chances de croiser des gens avec des identités de genre diversifiées. La personne avec laquelle tu t’apprêtes à passer du temps pourrais être transgenre sans que tu le saches, comme elle pourrait avoir une vision plus complexe de son propre genre que ce à quoi t’es habitué. Ce vidéo couvre les bases importantes de sortir avec une personne trans, dont la plupart s’applique aussi à sortir avec une personne non-binaire. Je te conseille de le regarder, au cas où tu sortirais avec quelqu’un qui finit par te faire son coming out à cet égard. Si tu sais que la personne avec qui tu vas sortir n’est pas cisgenre, rafraîchis ta mémoire sur comment être un allié trans et un allié non-binaire.

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Si t’es un gars non-binaire, trans ou les deux à la fois : la plus grande question que t’as en tête est peut-être bien à quel moment tu devrais faire ton coming out à quelqu’un que tu pourrais fréquenter régulièrement, si tu ne l’a pas déjà fait. C’est un gros enjeu auquel une personne trans fournirait une réponse plus étoffée que la mienne, mais voici ce que je peux amener. En dehors d’un rejet possible, sortir du placard pourrait parfois te mettre en danger. Même si l’autre personne est bien intentionnée, elle en sait peut-être peu sur comment être un-e bon-ne allié-e et elle pourrait parler ou se comporter de façon pas cool ou d’une manière qui déclenche ta dysphorie (si t’en vis). Il y a aussi le risque qu’elle dévoile sans ton accord ton genre à d’autres personnes que vous connaissez tou-tes les deux. La décision de sortir du placard t’appartient et tu ne dois un coming out à quiconque. Prendre plus de temps avant de sortir du placardte donne l’opportunité d’évaluer à quel point c’est sécuritaire de dévoiler à cette personne. Elle va aussi avoir l’opportunité de te connaître en tant que personne avant d’être confrontée aux préjugés qu’elle pourrait avoir envers les personnes non-binaires et trans. En revanche, attendre accentue les enjeux émotifs et te force à composer plus longtemps avec l’anxiété du placard. Dans un contexte de fréquenter quelqu’un, tu pourrais trouver que plus t’attends avant de dévoiler, plus ça devient difficile. Mais fais confiance à tes tripes et à ton jugement.

Faire ton coming out en tant que gars bi, pan ou polysexuel : parlant de coming out, beaucoup de gens se demandent à quel moment aborder leur bisexualité, polysexualité ou pansexualité avec une nouvelle fréquentation. Je dirais que mieux vaut tôt que tard, sans que ça paraisse forcé. Mets les cartes sur la table avant que vous ayez le temps de vous attacher l’un-e à l’autre, au cas où ta fréquentation se trouve à être un-e connard-e biphobe ou monosexiste (quelqu’un qui croit qu’être attiré par un seul genre soit la seule expérience qui ait du poids). Vu que la plupart des gens de nos jours cherchent des partenaires en ligne, tu devrais mentionner ton orientation sexuelle dans ton profil si t’es à l’aise de le faire. Pour les gens qui sont confortables à l’idée d’avoir un signe visible, porter un macaron qui mentionne ton orientation ou avec son drapeau peut marcher aussi (plusieurs personnes ratent ou interprètent mal des signes subtils par contre – trop de gens croyaient que mon macaron qui disait « BI » voulait dire « Business Intelligence »…). Quand le sujet de votre passé amoureux entre en jeu, c’est un bon moment pour mentionner que t’aimes des personnes de genres différents et que t’as été avec des personnes qui ne sont pas du même genre que cette personne que tu fréquentes en ce moment (sans passer trop longtemps à parler des ex, c’est un terrain glissant…). Dans un même ordre d’idée, tu peux demander à ton partenaire si ce ne sont que les hommes qui l’intéresse ou si d’autres genres lui plaisent; tu peux élaborer sur ta propre orientation et tes expériences ensuite. Si tu n’as pas eu la chance de sortir du placard et de discuter de vos orientations respectives avant votre troisième rencontre, c’est probablement le temps d’avoir cette conversation avant qu’un-e de vous deux ne soit trop investi-e dans cette nouvelle relation.

Plusieurs gars bi, pan ou polysexuels s’engagent dans une relation à long terme avec une (ou parfois un) partenaire à qui ils n’ont jamais dévoilé leur orientation sexuelle. Leur partenaire tout comme leur entourage ont une grosse part de responsabilité là-dedans : c’est à eux de faire savoir aux gars en question qu’ils les aiment peu importe leur orientation, puis de créer un climat dans lequel ils pourraient se sentir à l’aise de faire leur coming out. Rester dans le placard envers un-e conjoint-e est une recette pour se rendre malheureux à long terme. J’ai jasé avec un grand nombre d’hommes mariés depuis des années, dans le placard envers leur femme (je vois ça plus souvent que le cas d’un gars en relation avec un autre gars – et encore moins avec un-e conjoint-e non-binaire – mais ça arrive que certains fassent semblant d’être gais pour éviter de la biphobie de la part de leur partenaire), qui se sentent acculés au pied du mur parce qu’ils n’ont jamais exploré leur bisexualité ou parce qu’ils n’en peuvent plus de cacher qui ils sont vraiment. Ils sont souvent terrifiés à l’idée de perdre leur partenaire ou même leur famille. Bien qu’un coming out aussi tard dans la relation puisse bien se passer, ça mène souvent à des moments difficiles et parfois à la fin de la relation. T’es la personne dans la meilleure position pour choisir si tu devrais dévoiler ou non ton orientation sexuelle à la personne que tu fréquentes et ta sécurité physique, affective et financière passe en premier.

La biphobie et le monosexisme : la triste vérité est qu’ils peuvent se pointer n’importe quand. La plupart d’entre nous avons déjà entendu le fameux : « Je ne sortirais pas avec un gars bi, j’aurais trop peur qu’il me laisse pour un homme / une femme. » C’est vraiment poche quand ça se produit. Ces préjugés peuvent venir de n’importe quel-le partenaire, même celles qui ne sont pas hétéro; ils viennent parfois même d’autres personnes bi (la biphobie intériorisée, ça existe). Les gars avec qui je jase en ligne disent rencontrer ce genre d’attitude le plus souvent avec les femmes hétérosexuelles, malheureusement. Dans un sondage de 2016 de la revue Glamour, c’était 63% des femmes qui répondaient qu’elles ne sortiraient pas avec un homme qui a déjà couché avec un autre homme, pas seulement les hommes bi, mais même n’importe quel homme qui aurait expérimenté avec un autre gars. Certains gars bi, pan ou polysexuels choisissent de ne sortir qu’avec des personnes LGBTQ+ pour cette raison. Si quelqu’un te traite mal à cause de leur biphobie, essaie d’obtenir du soutien de la part de personnes capables de célébrer ton orientation sexuelle, ne serait-ce qu’en ligne.

Sur ta sécurité physique : si tu rencontres pour la première fois quelqu’un que t’as rencontré en ligne – un autre homme en particulier – tu veux possiblement prendre quelques mesures pour protéger ta sécurité. Puisqu’on peut faire face à de l’homo/bi/transphobie, on doit être plus prudents que la plupart des gens. Le risque envers ta sécurité physique dépend d’où tu vis et dans plusieurs cas, tu pourrais trouver que ces précautions ne sont pas nécessaires. Je fournis ces conseils au cas où tu sentirais un jour que t’en as de besoin.

  • Rencontrez-vous d’abord dans un lieu public.
  • Passe du temps à parler avec la personne avant de vous diriger dans un lieu privé comme ta demeure ou la leur.
  • Fais confiance à tes tripes : si t’as un mauvais feeling, trouve une excuse et pars.
  • Laisse savoir à une personne digne de confiance que tu rencontres quelqu’un que t’as connu en ligne. Si ta date est avec un autre gars et que t’es dans le placard, c’est plus difficile d’aviser un-e ami-e, mais tu peux toujours décrire la rencontre comme platonique (dis que c’est une première activité avec un pote que t’as connu sur internet, par exemple).
  • Entends-toi avec ton ami-e que tu vas la contacter une fois de temps et temps et texte-lui l’adresse de tout autre endroit où vous vous déplacez, surtout si tu t’attends à te retrouver seul avec ta date.

Comment faire la conversation : t’as deux oreilles, mais juste une bouche : donc, écoute plus que tu ne parles. Pose des questions; intéresse-toi sincèrement à ce que l’autre personne a à dire, à qui elle est; écoute; dis ton bout quand c’est le temps, mais passe plus de temps à écouter ta partenaire qu’à parler de toi.

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Concernant les sous-entendus sexuels :  beaucoup de gars qui sont aux hommes adorent les commentaires avec des sous-entendus sexuels (mais pas tous), encore plus quand ils s’intéressent à ce qu’il y a dans les culottes de la personne avec qui ils jasent. Personnellement, ça fait partie de ce que j’aime de me tenir avec des tapettes (je dis ça en toute affection : je m’identifie en tant que tapette) : flirter sans pression en se garrochant des sous-entendus sexuels pas subtils du tout. Ce n’est pas tout le monde qui est comme ça par contre : à quel point quelqu’un est à l’aise avec la sexualité varie d’une personne à l’autre. Une des choses que beaucoup de pédés (avec affection, encore une fois) apprécient de se tenir ensemble, c’est d’avoir la permission de reconnaître que plusieurs d’entre nous sont des bêtes lubriques. Les sous-entendus ne veulent pas nécessairement dire que l’autre gars veut coucher avec toi (parce que les sous-entendus sexuels sont l’fun en eux-mêmes), mais c’est un signe que les choses vont du bon bord quand c’est ton plan : c’est une excellente façon de tâter le terrain. Aussi, c’est libérateur quand tu n’es pas habitué à exprimer le côté homo de ta sexualité. En revanche, ait plus de retenue pour les sous-entendus avec les femmes et les personnes qui ont été perçues comme une femme à un moment donné de leur vie : c’est mieux de tâter le terrain plus subtilement avant de se lancer là-dedans ou de laisser l’autre personne faire les premiers pas sur ce plan. Elle peut avoir vécu de mauvaises expériences de harcèlement sexuel ou des dynamiques de pouvoir dégueu en lien avec leur genre, puis des sous-entendus sexuels déplacés peuvent te faire paraître vraiment louche et lui déclencher des sonnettes d’alarme.

Qui paie pour la date? Si vous êtes deux gars, vous aller en général vous entendre pour payer vos propres choses, pour partager la facture ou pour alterner entre qui paie pour les tournées quand c’est une sortie dans un bar. Même durant une date avec une femme, je serais très inconfortable de présumer payer pour ma compagne (à moins de la sortir pour sa fête ou un truc du genre) : on est au 21e siècle. Je m’attendrais aussi à ce que quelqu’un de non-binaire ou genderqueer ne soit pas chaud-e à l’idée non plus. Néanmoins, il y a des gens qui ont des valeurs plus traditionnelles, donc c’est bien de mettre au clair à l’avance quelles sont les attentes à ce sujet.

Sois préparé pour une baise : si c’est important pour toi d’utiliser des condoms, gardes-en avec toi en tout temps et assure-toi de savoir comment bien les utiliser, même si tu ne t’attends pas à une baise au premier soir. Si t’utilises la PrEP sur demande, prends-la quelques heures avant votre sortie pour en minimiser les effets secondaires et qu’elle ait le temps de faire effet. Tu ne sais pas où les choses peuvent mener, surtout si vous consommez des substances… ou bien tout simplement parce que vous êtes tou-tes les deux en manque. Amène aussi du lubrifiant si t’es ouvert à faire du sexe anal ou si t’en utilises pour te branler. Si t’as date est avec quelqu’un qui a un utérus et que tu n’es pas habitué à ça, tu dois penser à prévenir une grossesse imprévue; les condoms ne servent pas juste à vous protéger des ITS. Si la possibilité que vous couchiez ensemble se pointe, demande à ta ou ton partenaire (plusieurs gars trans ont encore leur utérus et peuvent tomber enceints) quelle(s) méthode(s) contraceptive(s) elle ou il utilise de son côté. Si une grossesse imprévue te terrifie, combine les condoms avec un autre moyen de contraception (même ne pas éjaculer dans ta partenaire en plus d’utiliser un condom peut faire l’affaire). Dans la vie de tous les jours, les condoms ne sont pas aussi fiables que certains autres moyens de contraception (parce que les gens font des erreurs en les utilisant), à moins que tu saches tout sur comment les utiliser parfaitement.


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Concernant les substances : pense à quel point tu veux consommer et détermine si vous êtes tous les deux sur la même longueur d’onde sur ce plan. Beaucoup de monde aime boire ou fumer du pot. Il y en a qui aiment des drogues plus fortes à l’occasion, ou souvent. Certaines personnes se rencontrent pour la première fois et elles ont beaucoup de plaisir à se péter la face ensemble (en particulier quand ce sont deux gars). D’autres ne consomment pas du tout. Un conflit peut survenir si vos valeurs ou vos attentes par rapport aux substances ne sont pas les mêmes. Aussi, quand l’un-e d’entre vous (ou les deux) est moins à l’aise ou expérimenté-e dans sa sexualité, la tentation de consommer (et de consommer beaucoup) peut être plus forte – ne serait-ce que pour se dégêner – mais c’est particulièrement vrai en ce qui a trait aux gars bi qui explorent le sexe avec un autre gars. Quand tu prévois consommer (même si vous n’avez prévu qu’un drink social ou un joint) :

  • pense d’avance à amener des condoms et du lubrifiant;
  • ne consomme pas trop, trop vite et garde en tête que mélanger des substances peut amplifier leurs effets (un excellent tableau [en anglais] sur ce qui se mélange bien et ce qui se mélange mal);
  • et fais attention à ne pas consommer au point où tu prendrais des risques sexuels que tu n’aurais pas pris autrement ou au point où l’un-e d’entre vous ne peut plus consentir.

Ce n’est pas du sexe consentant si un-e d’entre vous est trop pété-e, même quand c’est cette personne qui fait des avances à l’autre (ça peut être beaucoup plus compliqué et nuancé que ça dans la vraie vie et une personne saoule peut agresser sexuellement une personne sobre, mais ça reste une bonne limite à avoir). La bonne chose à faire est de t’assurer que ta date rentre à la maison en sécurité et de remettre la baise torride à un moment où tu seras rassuré que la personne a plus de contrôle sur les décisions qu’elle prend. Dans un autre ordre d’idée, si tu consommes parce que tu ne penses pas pouvoir en venir à coucher avec l’autre personne à jeun, tu devrais repenser à ce que t’es en train de faire. Je suis mal placé pour juger : je me suis pété la face à la sambuca avec le premier gars avec qui j’ai baisé avant qu’on en vienne à coucher ensemble. C’est correct de te sentir vulnérable quand t’as ces premières expériences sexuelles avec quelqu’un d’un autre genre que celui auquel t’es habitué. Quand c’est avec un autre gars, c’est correct s’il y a de la culpabilité ou de la honte à travers laquelle tu n’es pas encore passé. C’est peut-être mieux d’attendre jusqu’à ce que tu sois plus confortable avec quelqu’un pour explorer votre sexualité ensemble et de partager avec cette personne ce que l’expérience te fait ressentir, même les émotions moins agréables.

Essayer de l’embrasser ou pas? Selon moi, il n’y a qu’une seule réponse acceptable : demande à l’autre personne si c’est correct. Je sais que ce n’est pas tout le monde qui est d’accord là-dessus : certaines personnes pensent que parler ou demander « gâche le moment » (en ce qui me concerne, c’est de la bullshit), mais le consentement et le respect sont importants. Assure-toi toujours que tes partenaires ont envie de ce que tu veux essayer; rassure-les que tu vas accepter un « non » ou que la personne change d’idée en plein milieu de la chose. Ça vaut y compris pour quand vous êtes deux gars. Quand le genre de ta partenaire est différent du tien, fais attention aux dynamiques de genre et de pouvoir qui peuvent être présentes. Tu peux juste dire : « Je trouve que t’es vraiment sexy. Est-ce que tu veux qu’on s’embrasse ou ce n’est pas quelque chose que tu veux faire avec moi? » C’est plus facile à demander que ce que la plupart des gens s’imaginent. Prête attention au langage corporel avant de demander. Est-ce que sa posture est ouverte? Est-ce qu’il rit facilement avec toi? Est-ce vous vous regardez dans les yeux souvent et de manière plus soutenue? Y a-t-il des contacts physiques? Quand ces éléments sont présents, c’est un bon signe (mais pas une garantie que la personne ait envie de ça avec toi). J’ai toujours demandé la permission aux gens avant de les embrasser pour la première fois, même que leurs yeux me criaient de le faire, et j’ai toujours été content de l’avoir fait.

Et le sexe au premier rendez-vous? Il existe toutes sortes de fausses idées à ce sujet. Le sexe, ça fait du bien et le plaisir, c’est bon pour toi. Coucher avec quelqu’un dès votre première rencontre ne gâchera pas le potentiel d’une relation future ensemble. On est tou-tes humain-es et parfois on perd notre intérêt envers la personne après s’être rendu à ce qu’elle a dans les culottes. Mais s’il y a des affinités pour une vraie amitié ou pour une relation amoureuse, je peux t’assurer que ce n’est pas une baise le premier soir qui va faire disparaître ces affinités. C’est plutôt le contraire, en fait. Partager des orgasmes crée des liens et combler dès le début nos désirs de chauds lapins permet de mieux voir ce qu’on veut avec cette personne. J’ai couché avec mon mari à notre première rencontre, tout comme je suis devenue bon-nes ami-es avec plusieurs personnes avec qui notre relation a commencé par une baise. Bien qu’il y ait des gens qui te jugeraient de fricoter au premier rendez-vous, ils n’ont pas d’affaires à faire ça. Baiser dès la première date peut être une bonne façon de filtrer les personnes pleines de jugements. Si quelqu’un te rejette pour lui avoir donné du plaisir sexuel dès votre première rencontre, est-ce vraiment quelqu’un que tu veux dans ta vie? Certaines personnes pensent que se retenir de baiser est une manière de « prouver » que t’es vraiment intéressé par celles-ci; c’est peut-être même dans tes valeurs. Mais autant l’intérêt que l’amour sont des choses qu’on ne peut démontrer qu’avec le temps et ce n’est ni une question de semaines ni une question de mois. Si tu préfères développer une intimité avec quelqu’un (ou au moins apprendre à les connaître un peu) avant de faire quoique ce soit de sexuel avec cette personne, c’est correct. Le monde des apps de rencontre et la scène de cruise avec d’autres hommes peuvent te faire sentir que tu dois baiser sinon personne ne voudra de toi, puis que tes valeurs quant au sexe et aux relations sont impopulaires. Mais si t’es honnête quant à tes besoins sans toi-même porter de jugements envers les gens qui n’attendent pas avant de baiser, beaucoup de gens vont respecter tes choix. Il en va de même si tu n’es pas encore confortable à l’idée de coucher avec un-e partenaire de ce genre : plusieurs gars bi vivent des émotions contradictoires quand cette possibilité survient, surtout avec un autre homme. Mieux vaut être honnête dans une telle situation et tu mérites quelqu’un te soutenant durant ces nouvelles expériences. C’est correct de dire : « C’est nouveau pour moi de coucher avec [insérer le genre ou l’identité de la personne] et ça m’intimide un peu. J’ai vraiment envie de toi, mais j’ai besoin de savoir qu’on peut s’arrêter ou aller lentement si j’en ai besoin. »

Source de l’image originale https://www.transcend.org/tms/2016/06/queerness-and-the-next-system-opening-up-the-discussion/

Souvent, ça ne clique pas : ça fait partie de la réalité que la plupart des dates que tu vas avoir ne mèneront pas à une relation amoureuse (ou même à une baise). L’idée de sortir avec quelqu’un est d’apprendre à connaître cette personne et d’explorer s’il y a de la chimie. La plupart du temps, il n’y en a pas et c’est correct. Une fois que t’auras fait la paix avec ça, tu vas avoir plus de plaisir à sortir avec des gens. Parfois, une date ne mène pas à une deuxième rencontre. À d’autres moments, une des personnes trouve un prétexte pour partir et abréger l’inconfort de la situation. Tout ça est correct et ça vient avec le terrain. Parfois tu te fais poser une lapin et ta date ne se pointe pas. C’est poche et bien que tu ne puisses rien faire pour empêcher quelqu’un de te faire le coup, de ton côté tu peux aviser l’autre personne quand c’est toi qui décide de ne pas y aller, même quand c’est malaisant. C’est plus respectueux que de les laisser se rendre au rendez-vous pour rien et tu parais mieux dans tout ça.

Comment donner suite à la chose : parfois cependant, la sortie est agréable et excitante et t’auras envie de revoir la personne. Tu te demanderas alors comment donner suite à la chose. Plusieurs gens avaient une règle d’attendre trois jours avant de relancer quelqu’un après une date, pour éviter d’avoir l’air trop enthousiaste. De nos jours par contre, attendre trois jours peut donner l’impression que t’as ghosté la personne (coupé sans avertissement la conversation en ligne), ce qui se produit souvent sur les applis de rencontre. Laisse savoir rapidement à l’autre personne que t’as eu du bon temps et que t’espères la revoir. Quand ce sera fait, laisse la balle dans son camp en termes de décider de poursuivre la conversation ou non. C’est un bon indicateur de son degré d’intérêt (crois-moi, si elle t’aime bien, tu vas ravoir de ses nouvelles) tout en lui laissant l’opportunité de mettre un terme à la chose avec grâce si elle ne veut pas poursuivre en fin de compte. Beaucoup de monde ne voudra pas t’admettre ne pas avoir passé un aussi bon moment que toi et ça va augmenter le malaise si tu recontactes cette personne constamment. Aussi, fais attention à ne pas t’attacher trop vite. C’est compréhensible d’être enthousiaste après une sortie qui s’est bien passée. Cependant, vous ne vous connaissez pas beaucoup encore (à moins d’être ami-es de longue date) et ce que l’autre ressent pour toi reste incertain. Tout peut planter et ça va te briser le cœur si tu t’es entiché trop vite. Ça va aussi faire peur à l’autre si tu lui débites des « je t’aime » dès la deuxième ou la troisième date. Donc, vas-y un jour à la fois avec cette relation qui débute. Si vous vous aimez bien, vous finirez par arriver quelque part.

Source https://www.flickr.com/photos/philippeleroyer/4178966871/

Avec un peu de chance, certains de ces conseils te mettront dans une meilleure position pour vivre des rencontres réussies (ou être un peu plus serein envers une sortie qui foire). Bonne date!

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