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Gars bisexuel et polysexuel, pair aidant et éducateur en sexualité

Réalisé avec le soutien du projet Champions communautaires de RÉZO.

Avertissement quant au contenu : discussion parlant d’inconduite, de harcèlement, d’abus et d’agression sexuelle.

Ceci est une version censurée de l’article; elle contient quand même du langage cru par rapport au sexe. La version originale sexuellement explicite se trouve ici.

D’après la National Intimate Partner and Sexual Violence survey états-unienne (l’enquête nationale sur la violence conjugale et sexuelle) de 2010, 47% des hommes bisexuels (et 75% des femmes bisexuelles!) rapportent avoir vécu de la violence sexuelle au cours de leur vie. Ce chiffre est plus élevé que celui pour les hommes gais (40%, astronomique en soi) et beaucoup plus élevé que pour les hommes hétéro (21%). Je connais de nombreux gars bi, pan ou polysexuels qui sont des survivants de harcèlement, d’abus ou d’agression sexuelle. Si c’est ton cas, je t’encourage à chercher de l’aide et du soutien : tu mérites qu’on t’aide (VASAM CRIPHASE CAVAC). J’ai aussi connu des gars qui se sont avérés avoir harcelé ou abusé sexuellement d’autres gars (entre autres). Je vais donc parler de consentement dans les relations sexuelles.

Note sur les pronoms et les genres que j’emploie : Utiliser un langage neutre sur le genre est un crisse de chiard en français. Vu que cet article s’adresse principalement aux gars, je vais parler de toi, le lecteur, au masculin. Quand je vais parler de tes partenaires possibles, je vais faire de mon mieux pour alterner entre les genres ou utiliser des termes comme « personne » ou « gens ». J’utilise aussi une formulation « un-e amant-e éméché-e » pour les mêmes raisons. Référant à un-e agresseur-e possible, je vais tenter d’inclure les personnes de tous les genres, mais quand c’est impossible, j’utiliserai le masculin vu que c’est le genre de la très grande majorité des agresseurs.

La solution existe en chacun d’entre nous

Je ne donnerai pas de conseils aux gens sur comment se protéger individuellement de la violence sexuelle. Les efforts de prévention s’adressant aux victimes potentielles renforcent une idée perverse: la notion que si un-e survivant-e avait fait quelque chose de différent, l’agresseur ne les auraient pas agressé-es. Ça déplace le blâme de l’agresseur à la personne survivante, ce à quoi les survivant-es d’agression sexuelle font tout le temps face. Les gens commettent des agressions sexuelles parce qu’ils sont négligents ou parce qu’ils se foutent du consentement sexuel (soit par indifférence, par malice ou par manque d’éducation), ou bien parce qu’ils cherchent à faire souffrir un autre être humain pour des raisons qui ont plus à voir avec une soif de pouvoir qu’avec assouvir une pulsion sexuelle. Il n’y a aucune autre raison, quoique parfois du sexe devient non-consentant par accident ou par ignorance, malgré les bonnes intentions de toutes les personnes impliquées. Chacun d’entre nous a du pouvoir. Nous pouvons utiliser notre pouvoir pour prendre soin des autres et pour améliorer nos vies. Mais nous pouvons aussi abuser de ce pouvoir pour faire du mal. Le premier pas pour s’en prendre à la violence sexuelle est de reconnaître qu’on peut faire partie du problème. Pour expliquer le consentement, voici une vidéo cocasse qui le compare à une tasse de thé : Le consentement, c’est comme offrir une tasse de thé.

À propos des femmes qui agressent sexuellement des hommes

Des femmes aussi agressent sexuellement des hommes et les survivants de ces agressions sont rarement pris au sérieux. C’est un gros problème en général que les survivant-es d’agression sexuelle ne se sentent pas en sécurité de parler de l’abus qu’ils ont subi. Mais on sait qu’en plus de ça, les hommes sont moins portés que les femmes à dévoiler avoir subi de l’abus. C’est donc difficile de savoir l’ampleur du phénomène des femmes qui agressent sexuellement des hommes, mais le problème est réel et sous-estimé. D’après le American Center for Disease Control (le centre américain de contrôle des maladies), près de 6% des hommes rapportent avoir été forcés à pénétrer une autre personne; ça n’inclut pas d’autres formes d’agressions sexuelles qui peuvent tout autant être vécues comme une violation. Si t’es un gars qui a été agressé sexuellement par une femme, ton expérience est réelle tout comme ta souffrance et tu mérites qu’on reconnaisse ce que tu vis.

Dans cet article, je nous parle à nous en tant qu’hommes sur comment on peut s’éviter de devenir des abuseurs, parce que mon public, ce sont les hommes bisexuels, pansexuels et polysexuels. Mais n’importe qui peut devenir un-e agresseur-e, peu importe leur genre, tout comme n’importe qui peut devenir victime d’une agression sexuelle, peu importe leur genre. Tout le monde a besoin d’entendre comment on peut améliorer nos attitudes envers le consentement sexuel, pas juste les hommes. Il y a cependant un aspect genré (lié au genre et au sexe des personnes en cause) à la violence sexuelle. Les personnes transgenres ou non-binaires courent le risque le plus élevé qu’un-e agresseur-e les prennent pour cibles. On peut dire la même chose des femmes comparées aux hommes. La très grande majorité des agresseurs se trouve aussi à être des hommes. On sait que le point en commun qu’ont les hommes qui agressent sexuellement des femmes ou des personnes qu’ils mégenrent comme « femmes » (mégenrer veut dire imposer le mauvais genre à quelqu’un) est d’avoir des vues misogynes (le mépris ou la haine des femmes)… et je ne serais pas surpris que ce soit vrai aussi des hommes qui agressent sexuellement d’autres hommes.

Mais la grande majorité des hommes – des gens, en fait – n’agressent pas sexuellement des gens. Cet article cherche à faire en sorte que chacun d’entre nous continue à faire partie de cette majorité et à influencer d’autres personnes à continuer d’en faire partie; puis à être là pour protéger et soutenir les gens que les agresseurs peuvent cibler.

Une masculinité positive

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Il y a beaucoup d’idées nocives sur comment un gars est censé être sexuellement: qu’un gars doit être insistant, qu’il doit séduire l’autre personne et la convaincre de baiser, plutôt que de respecter les limites et le rythme de cette personne. Il existe cette idée que t’es supposé te la fermer quand du sexe se produit et de juste t’y mettre, plutôt que de communiquer sur ce qui est désiré et sur ce qui ne l’est pas. Ou encore, tu devrais vouloir du sexe à chaque fois parce que t’es un gars et donc c’est impossible de te faire violer, parce qu’un gars ne dirait jamais non à du sexe. Ou il y a cette idée que les hommes doivent être performants au lit et faire l’étalage de leur masculinité par le biais de leur performance sexuelle, au lieu d’être simplement présents auprès de leurs partenaires et de se permettre de se montrer vulnérables. On pourrait écrire un essai au complet démêlant ces idées empoisonnées sur les hommes et le sexe. Mais elles se recoupent aussi avec beaucoup de difficultés auxquelles les gars bi doivent faire face, surtout quand tu travailles encore à t’accepter. Quand un gars a besoin de se péter la face pour être capable de baiser avec d’autres gars, il entre dans un terrain risqué en ce qui concerne le consentement sexuel de même qu’une sexualité mieux protégée , qui diminuerait le risque d’une infection transmise sexuellement ou du VIH (le virus qui peut mener au sida si quelqu’un d’infecté ne prend pas sa médication régulièrement). On doit démêler ces idées nocives et progresser vers une masculinité positive au sein de laquelle on peut être authentiques et être attentionnés auprès des autres, aussi quand on en vient au sexe.

Cet article parle donc de comment alimenter une culture de masculinité positive et de sexualité consentante, puis de saisir l’opportunité de faire partie de la solution au problème de la violence sexuelle. Ça demande de l’humilité et la capacité de se remettre en question, tout comme ça demande que tu reconnaisses qu’il y a pu y avoir des moments où tu as fait partie du problème plutôt que de la solution. On doit accepter qu’on peut faire mieux pour commencer à bâtir une culture de masculinité positive et de consentement. Quand on alimente cette culture, on protège tout le monde, mais on travaille aussi à protéger nos camarades bisexuel-les que la violence sexuelle affecte de façon disproportionnée.

Comment améliorer nos attitudes sur le consentement sexuel

Prends pour acquis que la personne devant toi est plus vulnérable qu’elle n’en a l’air. Ça peut être bizarre de te voir comme quelqu’un qui peut apparaître menaçant pour une autre personne. Tu ne te vois probablement ni comme fort ni comme intimidant. Tu te vois peut-être même comme vulnérable de toutes sortes de façons. Mais c’est vrai aussi de l’être humain devant toi, qui peut être aussi vulnérable que toi et peut-être même encore plus. Tu ne connais pas ce qu’il a pu passer au travers. Tu ne sais pas à quel point il sait s’affirmer, surtout dans une situation où il craint le rejet ou bien commence à avoir peur pour sa propre sécurité. Tu ne connais pas les expériences passées d’abus qu’il a pu subir et tu ne sais pas s’il jongle au quotidien avec des traumatismes. Il est peut-être pris comme une armoire à glace et fort. Il projette peut-être un air d’assurance. Mais peut-être que ce n’est que pour se protéger et qu’il a besoin que tu sois attentionné et plein de compassion, que tu ralentisses et que tu ailles à son rythme ou même que tu arrêtes tout si c’est nécessaire.

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Demande permission, rassure tes partenaires qu’elles peuvent dire non, parlez de ce que vous voulez et ne voulez pas, n’insiste pas et vérifie une fois de temps en temps avec elles comment elles vont.  Demande permission avant d’essayer quelque chose que tu n’as jamais fait avant avec ce partenaire. Tu veux l’embrasser? Dis-lui qu’il est cute et demande s’il veut t’embrasser. Tu veux dézipper ses pantalons et jouer avec ce qu’elle a dedans? Demande si c’est correct. Aussi, sois clair que si jamais il y a quoique ce soit qu’elle ne veut pas ou s’il change d’idée et veut arrêter, tu vas respecter ça. Fais-la se sentir en sécurité de dire non à quelque chose si elle a besoin de le faire. Aussi, ce n’est pas parce qu’un-e des tes amant-es a adoré un certain acte qu’un-e autre amant-e sera d’accord pour faire ça; différentes personnes aiment différentes choses. Une fois de temps en temps pendant que vous couchez ensemble, vérifie avec tes partenaires que tout va toujours bien. Sois attentif aux indices non-verbaux : une personne n’ose pas toujours dire qu’elle veut arrêter, mais son manque d’enthousiasme et son expression faciale devrait te faire remarquer que quelque chose ne va pas. En revanche, ça paraît quand quelqu’un est en train d’avoir la baise de sa vie avec toi! 😉 Le but n’est pas de demander la permission à chaque petite étape, mais d’entretenir une situation dans laquelle l’autre personne sent qu’elle a confiance que tu vas respecter ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Aussi, tout ça s’applique peu importe le genre des personnes que tu sautes. Tu dois faire plus attention aux dynamiques de genre quand t’es avec quelqu’un d’autre qu’un gars cependant : c’est plus probable que ces personnes aient vécu du harcèlement, de l’abus ou de la violence sexuelle et même quand ce n’est pas le cas, ces personnes réalisent qu’une situation avec un homme peut mal tourner rapidement. Mais même avec un autre gars, tu peux créer une situation dans laquelle du sexe non-consentant peut se produire.

Un oui clair veut dire oui et prends pour acquis que quoique ce soit d’autre veut dire non; tu veux pouvoir voir l’enthousiasme de ton partenaire. Ne pas entendre un non ne veut pas dire que t’as le consentement. Ta partenaire te donne ce regard affamé et te dit « baise-moi! » – génial, vous êtes en affaires. Mais si t’as pris l’initiative de commencer à le pogner, que tu n’as pas un oui clair et qu’il a l’air mal à l’aise dans la situation, t’as probablement démarré quelque chose de pas consentant. Il faut que tu demandes si c’est correct et que tu lui laisses savoir que tu vas arrêter si elle ne voulait pas ça, puis que tu t’excuses si t’as entrepris quelque chose qui n’était pas désiré sans demander d’abord. Dans beaucoup de situations d’agression sexuelle, la victime ne dit pas non. Une situation vire hors de son contrôle : son partenaire devient insistant ou force des choses, ou bien le contexte est tel que la victime réalise qu’un non pourrait mener à de la violence ou des représailles. Elle se met à avoir peur et elle fige. Elle réalise que la manière la plus sûre de sortir de la situation en sécurité est de se laisser faire et de donner à l’autre ce qu’il veut pour que tout se termine aussitôt que possible. Donc si tu n’as pas demandé la permission et que tu n’as pas eu un oui clair, prend pour acquis que ce qui se déroule n’est pas consentant. Aussi, bien que le sexe n’ait pas à être enthousiaste pour être consentant (pense « j’ai pas vraiment envie, mais je t’aime bien et je vais faire ça pour toi »), la présence ou l’absence d’enthousiasme devrait être un gros indice d’à quel point ce qui se passe est réellement consentant.

Si la personne est trop intoxiquée, remets le sexe à plus tard et veille à ce qu’elle soit en sécurité. Une baise sauvage quand vous êtes saoul-es ou sur la dope peut être très l’fun, mais quelqu’un de trop intoxiqué peut ne plus être capable de consentir. Cette personne peut être enthousiaste sur le coup, mais ne se souviendra peut-être pas de ce qui s’est passé ou se dira « câlisse, quessé que j’ai faite? ». Sur certaines drogues (les psychédéliques en particulier), les gens peuvent devenir incapables de parler durant un bad trip et ne plus être capable de te dire que le sexe ne va plus. Si une personne est à peine consciente ou carrément inconsciente, lui faire des choses sexuelles est inacceptable : ça devient une agression sexuelle pure et simple. C’est aussi une agression sexuelle si elle est trop intoxiquée pour savoir ce qu’elle fait. Dans ces deux cas, c’est un crime au Canada (et dans plusieurs autres états). Aussi, deux personnes peuvent vivre la même situation différemment, selon son vécu : ce qui pourrait être correct pour l’un-e pourrait être de l’abus pour l’autre. C’est délicat de naviguer les substances et le consentement. Ce n’est pas toujours évident à quel point quelqu’un est intoxiqué. Parfois, c’est la personne intoxiquée qui est celle qui devient trop insistante et qui met la pression sur quelqu’un d’autre pour coucher avec.  Qu’est-ce que tu fais quand t’es sobre et que ton chum vraiment saoul n’arrête d’insister pour que tu le sautes? Ou si vous en venez à avoir du sexe que tu ne veux pas parce qu’il pousse trop et qu’il n’a pas la moindre idée de ce qui s’est passé le lendemain? C’est une situation compliquée et autant lui que toi pourrait se sentir honteux, coupable ou même violé. Beaucoup de personnes bisexuelles utilisent l’alcool ou les drogues pour abaisser leurs inhibitions et trouver le courage de coucher avec quelqu’un de leur propre genre. Ça peut créer des situations compliquées. Sois vigilant. Teste à quel point tu peux parler avec l’autre personne de ce qui est correct et de ce qui ne l’est pas : si elle agit comme si elle n’avait plus aucune limite, vous êtes sur un terrain dangereux. Tu devrais remettre le sexe à plus tard tant qu’elle n’a pas dégrisé. Si elle ne peut pas te donner des réponses cohérentes quand tu vérifies comment elle va, tout doit s’arrêter sur-le-champ et tu dois t’assurer  qu’elle va être en sécurité et entre de bonnes mains jusqu’à ce qu’elle reprenne ses esprits. Au-delà de situations dans lesquelles du sexe pourrait arriver entre quelqu’un d’intoxiqué et toi, contribue à entretenir un environnement de party dans lequel les gens veillent sur les autres personnes quand elles sont trop pétées. Assure-toi que des gens fiables vérifient régulièrement qu’elles aillent bien et qu’elles récupèrent en lieu sûr. Aussi, prévoyez d’avance comment vous ferez en sorte que quelqu’un se rende chez lui en sécurité s’il n’est pas en état de le faire par lui-même.

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Ne commence quelque chose de sexuel que si la personne est réveillée et que t’as sa permission, à moins d’être certain qu’elle est à l’aise que tu démarres quelque chose de sexuel pendant qu’elle dort. Ce n’est pas parce que toi et ta baise de la veille avez couché ensemble que cette personne veut ravoir du sexe avec toi; tu ne devrais pas commencer à la tripoter dans son sommeil. Patiente jusqu’à ce qu’elle soit réveillée et demande-lui si elle est partante pour un autre rodéo. Si tu partages un lit avec quelqu’un avec qui tu n’as jamais rien fait de sexuel, attends-toi à ce qu’il trouve ça vraiment pas cool s’il se réveille avec tes mains ou ta bouche sur ses parties sexuelles (ou ses seins quand la personne en a), même si t’as remarqué des signes d’excitation – comme une érection, par exemple – dans son sommeil. Évidemment, si une partenaire sexuelle plus régulière a été claire qu’elle adorerait que tu la réveilles avec du sexe une fois de temps en temps, c’est correct. Mais mets ce qui est acceptable au clair avec la personne avant de prendre les devants sur des trucs du genre.

Des fois, les gens ne flirtent que pour le plaisir de flirter, ne se collent que pour le plaisir de se coller et n’embrassent que pour le plaisir d’embrasser; ils ne veulent pas nécessairement aller plus loin que ça. On est tous humains : on trippe si quelqu’un qu’on aime bien flirte avec nous et ça peut nous faire espérer qu’on va se retrouver au lit avec cette personne d’ici la fin de la soirée. Ça peut aussi être une déception quand ça n’aboutit pas à ça. Et soyons honnêtes : certaines personnes ne sont pas au-dessus d’utiliser la séduction pour obtenir des faveurs de quelqu’un d’autre. Mais parfois, tu vas plaire à quelqu’un qui va flirter avec toi, mais qui ne voudra pas que vous avanciez trop vite ou que vous alliez plus loin qu’un certain point. Peut-être qu’elle veut te frencher volontiers, mais qu’elle n’a pas envie de se retrouver avec ta main dans ses culottes. Peut-être qu’il est dans une relation avec quelqu’un d’autre et qu’il choisit de respecter des limites qu’il a fixé avec sa partenaire (par exemple, c’est peut-être correct d’embrasser d’autres personnes, mais pas d’aller plus loin). Peut-être qu’elle se sent vulnérable et qu’elle veut des câlins et de l’affection, mais qu’elle ressent le besoin d’apprendre à se sentir en sécurité avec toi avant de décider si elle veut quelque chose de sexuel. On stéréotype plusieurs de ces comportements comme étant « féminins », mais peu importe le genre d’une personne, elle peut avoir des raisons de ne pas vouloir du sexe avec toi en ce moment précis, bien que tu sois de son goût. Peut-être que ton chum de gars te trouve attirant et aimerait explorer le sexe avec un autre homme, mais qu’il a besoin de commencer avec juste se coller puis s’embrasser. Peut-être que ta partenaire est trans et qu’avant que vos vêtements prennent le bord, elle a besoin de se sentir en confiance que tu ne feras rien de louche. Peut-être que la personne avec qui tu es est un-e survivant-e de violence sexuelle et qu’elle a besoin que les choses aillent lentement. Peut-être que c’est quelqu’un d’asexuel qui adore embrasser mais pas baiser. Bref, il y a toutes sortes de raisons pourquoi quelqu’un exprimerait de l’intérêt envers toi sans vouloir que vous couchiez ensemble tout de suite, tout comme à un moment donné ça pourrait être toi qui choisis de prendre ton temps.

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Respecte quand quelqu’un exprime une limite d’ordre sexuel et ne manipule pas quand ça arrive; obtiens de l’aide si ta manière de gérer les conflits est toxique. Encore une fois, on est tous humains. Il existe pour la plupart d’entre nous des situations dans lesquelles on a recours à de la manipulation quand on n’obtient pas ce qu’on veut : on insiste, on tète, on boude, on pique une crise, on fait la grimace, on devient passif-agressif, etc. Je ne dis pas que ces comportements sont corrects, mais ils se produisent parce qu’aucun d’entre nous n’est parfait et qu’on a chacun des choses qui viennent nous chercher. Mais si tu te rends comptes que tu réagis par ce genre de manipulation quand quelqu’un te dis non par rapport au sexe, à un acte sexuel en particulier ou bien quand cette personne insiste pour utiliser un condom : ce n’est vraiment pas cool. T’es en train d’essayer de mettre de la pression sur quelqu’un pour qu’il fasse quelque chose de sexuel qu’il n’a pas envie de faire et tu dois arrêter ça. Respecter les limites d’ordre sexuel (et même non-sexuel) des autres, c’est sacré. Bien qu’on puisse négocier dans certaines circonstances (quand vous n’êtes pas sur le point de coucher ensemble, quand la personne a le temps de réfléchir à la décision et de changer d’idée si nécessaire, puis qu’il ne s’agit pas d’une limite absolue), ça doit rester des conversations ouvertes, honnêtes et respectueuses. Tu ne devrais pas manipuler pour obtenir quelque chose de sexuel, point à la ligne. Si tu réalises que c’est constamment ta réaction à quelqu’un qui refuse une de tes demandes dans un contexte sexuel (ou aux gens qui te disent non en général), pense à obtenir de l’aide sur ta manière de gérer les conflits. Certains d’entre nous ont appris à gérer les conflits de manière toxique – parfois parce que tout ce qu’on avait autour de nous était des adultes ou des ami-es qui agissaient de la même façon. Ça ne fait pas de toi une mauvaise personne, mais pour ton bien-être et celui des gens autour de toi, t’as besoin d’assumer la responsabilité de tes patterns et de travailler sur ta marde.

Les gens peuvent consentir au sexe puis changer d’idée : le sexe doit s’arrêter quand quelqu’un n’en a plus envie. Une personne qui veut arrêter une situation sexuelle ne doit d’explication à qui que ce soit. Peut-être que t’as reçu ce oui enthousiaste, que vous avez commencé à baiser, puis que l’autre personne commence soudain à se sentir vraiment weird par rapport à ce qui se passe et qu’elle veut arrêter. Ça arrive. Peut-être que c’est toi qui change d’idée et qui veut arrêter. C’est correct et le sexe devrait prendre fin immédiatement. Pareil si une personne te dit vouloir faire quelque chose sur une application de rencontre et que rendu chez elle, elle ne veut plus : c’est son droit. Ça peut être frustrant pour toi ou pour l’autre personne : ça se comprend. Mais quand quelqu’un change d’idée sur une rencontre sexuelle prévue ou veut arrêter une baise en cours, cette personne ne doit à l’autre aucune explication. Elle peut en donner une si elle se sent à l’aise de le faire. Mais parfois, t’as besoin que tout arrête pour des raisons très personnelles que tu ne crois pas pouvoir partager avec l’autre personne en ce moment (ou jamais) et ça doit être respecté. Si quelqu’un consent à du sexe et perd connaissance durant la chose (à cause de l’alcool, mettons), l’autre personne doit s’arrêter sur-le-champ et veiller à ce que leur partenaire reste en sécurité.

Fais plus attention au consentement durant un trip à trois ou du sexe en groupe. Les trips à trois et le sexe en groupe sont un gros sujet (et un sujet l’fun, à part de ça) que je ne couvrirai pas en détail ici. Mais garde en tête que les gens en général hésitent plus à dire non ou à exprimer leurs limites en groupe. Si le sexe en groupe est prévu d’avance, c’est une bonne idée de parler de vos attentes, de vos fantasmes et de vos limites quand c’est un petit nombre de gens qui vont y participer. Quand c’est un plus grand groupe, établissez des règles de base claires pour tout le monde. Si la situation survient spontanément, ça reste possible de communiquer et la situation ne vient pas de virer par magie en buffet sexuel à volonté. Les gens continuent à avoir des choses qu’ils aiment ou qu’ils n’aiment pas ainsi que des limites, puis certaines personnes dans la pièce ne te trouveront peut-être pas de leur goût. Durant du sexe en groupe, tout ce que je mentionne dans cet article compte en triple. Une bonne étiquette de sexe en groupe consiste en demander la permission avant de toucher à une personne en particulier ou avant de jeter un regard soutenu sur ce que des gens font. « Est-ce que c’est correct si je te branle, ou tu ne préfères pas? » ou « Est-ce que je peux vous regarder tous les trois et me toucher, ou bien je devrais me concentrer sur d’autres gens plutôt? » sont des exemples de façons respectueuses de demander permission; elles laissent la place à dire non avec grâce. Puis je t’en supplie, ne sois pas le  gars qui insiste pour tripoter quelqu’un même quand ça fait trois fois que cette personne tasse ta main de là. Enfin, si quelqu’un a l’air trop intoxiqué pour consentir à n’importe quel moment durant du sexe en groupe, mets un effort particulier à ce que cette personne ait un lieu sûr pour dégriser. Plusieurs événements de sexe en groupe de plus grande taille mettent en place un coin non-sexuel relax pour quand quelqu’un doit faire une pause, peu importe la raison.

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Personne ne doit de sexe à qui que ce soit. Je serai la première personne à te dire qu’on doit prendre les besoins sexuels au sérieux et que les gens méritent de la compassion et de la compréhension en ce qui a trait à ces besoins. Personne ne devrait se faire ridiculiser d’être en manque, de se sentir seul-e et frustré-e sexuellement, puis je crois que chaque personne a droit à du soutien quand il s’agit de répondre à ses besoins sexuels. Mais personne ne doit du sexe à quiconque, même à quelqu’un qui lui a fait une faveur, qui a payé pour son repas ou une sortie, ou bien qui lui a offert un toit. Les gens peuvent s’entendre d’échanger quelque chose contre un service sexuel : ça arrive et c’est la base du travail du sexe. Mais si ce n’était pas convenu dès le tout début de l’entente, c’est inacceptable que quelqu’un s’attende à du sexe en retour d’une faveur rendue.

Laisse savoir aux gens autour de toi que tu vas les croire si un jour ils te disent qu’ils ont été une victime de harcèlement, d’abus ou de violence sexuelle – même si l’agresseur-e est quelqu’un que t’aimes bien. Ça doit sonner comme une évidence, mais prends le temps d’y penser : c’est probable qu’il y a des gens autour de toi qui ont agressé sexuellement une autre personne à un moment donné – c’est un crime courant. Ces gens-là n’ont pas « violeur » tatoué sur le front. Ce sont des gens comme toi et moi qui sont probablement amicaux et avec c’est agréable de chiller. Ils ont des ami-es et des proches comme la plupart des autres personnes. Qu’est-ce que tu ferais si une personne proche de toi te dévoilait qu’elle a été violée par ton meilleur ami? Par un-e membre de ta famille? La plupart d’entre nous ont grandi en se faisant dire que le viol est un des crimes les plus horribles et que les violeurs sont des monstres. Donc, quand on est confronté par la découverte qu’un-e proche a agressé sexuellement quelqu’un d’autre, c’est dur pour nous de réconcilier cette idée de « ce monstre le violeur » avec celle de la personne qu’on connaît et qu’on aime ayant commis ce crime. Aussi, les gens associent les concepts d’agression sexuelle et de viol à des menaces et de la violence physiques, mais ces aspects sont souvent absents de ces situations. Puis il y a toute la question des inconduites sexuelles qui ne sont pas des crimes, mais qui affectent les gens qui les subissent et parfois gravement; c’est d’actualité ces jours-ci. Mais ce que plusieurs personnes font quand un-e survivant-e leur dévoile une de ces situations – inconduite, harcèlement, abus ou agression – c’est de tomber dans le déni, d’excuser la chose, d’essayer d’expliquer que ce n’était pas vraiment du sexe non-consentant ou bien de blâmer la victime. Ces réactions sont humaines et compréhensibles, mais les survivant-es de ces situations méritent qu’on les croit.  Les fausses accusations d’agression sexuelle sont rares, aussi rares que les fausses accusations pour un autre genre de crime (entre 2 et 10% des accusations, selon les études et leur méthodologie). Ce qui est courant par contre, c’est de refuser de croire les survivant-es d’agression sexuelle ou de les blâmer pour l’agression. Tu peux faire une différence pour les survivant-es autour de toi en étant une personne qui choisit de les croire. La plupart des survivant-es d’inconduite, de harcèlement, d’abus ou d’agression sexuelle ont peur qu’on ne les croit pas ou qu’on ne les prenne pas au sérieux, en plus de se sentir responsables de ce qui est survenu… et ça, peu importe leur genre.

Une bonne communication veut dire un bon consentement, une meilleure intimité et du meilleur sexe. La communication et le consentement ne visent pas juste à empêcher que des mauvaises choses arrivent à des gens. Vous parler de ce que vous voulez, de ce que vous ne voulez pas, de vos désirs, de vos craintes et de ce qui vous rend vulnérables : ce sont la base de l’intimité et de vous rapprocher l’un-e de l’autre. Des tas de gars bi se lancent dans des aventures d’un soir dans lesquelles ils doivent se saouler pour entre capable de coucher ensemble et dans lesquelles ils répètent des scénarios dictés par une masculinité nocive. Imagine plutôt si nous choisissions de nous parler, de nommer ce qu’on désire et ce qui nous fait peur, puis que nous prenions la décision d’être là pour se soutenir à fond les uns les autres! Plusieurs d’entre nous choisissent déjà d’être comme ça, mais on peut s’engager à bâtir une culture de soutien encore plus solide. Dans nos relations avec des gens d’un genre autre que le nôtre aussi, la confiance, le réconfort, l’ouverture et le désir de construire une intimité devraient être ce qui guide nos décisions. Mais en plus, une bonne communication mène à du meilleur sexe. Quiconque a roulé sa bosse sur le plan sexuel va te dire que c’est quand vous commencez à vous parler de vos désirs et de vos limites, ainsi que de ce qui marche et de ce qui ne marche pas, que vous vous rendez au point où le sexe incroyable se produit. Sinon, le bon sexe devient plus une affaire de chance plutôt que d’être quelque chose sur quoi tu peux collaborer avec tes partenaires pour que ça arrive sur une base régulière. Et les partenaires qui sentent qu’on est là pour eux, qu’on les respecte, qu’ils peuvent développer une intimité avec nous et qui nous voient comme quelqu’un avec qui ils peuvent avoir du sexe extraordinaire : ce sont les partenaires qui restent dans le décor. Je crois en toute sincérité qui si on travaille ensemble à bâtir une culture de consentement, on ne fera pas juste nous protéger les un-es les autres – et nos camarades bi+ en particulier – mais on créera aussi un monde dans lequel les gens seront plus libres d’explorer leur sexualité et de vivre des vies sexuelles épanouies.

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Nous lançons le forum francophone r/GarsBi sur Reddit pour les gars bisexuels, bicurieux, pansexuels, polysexuels ou qui se questionnent sur leur orientation. Les gars trans et/ou non-binaires sont les bienvenus. Viens-nous voir pour partager ton histoire et poser tes questions! Ce forum n’est pas géré par RÉZO.

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